Nanoo | Nouveau membre |  | 5 messages postés |
| Posté le 14-08-2004 à 11:50:07
| Le chat et le soleil Le chat ouvrit les yeux, Le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, Le soleil y resta. Voilà pourquoi, le soir, Quand le chat se réveille, J'aperçois dans le noir Deux morceaux de soleil. Maurice Carême, L'Arlequin Le chat Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal La prière du chat A MON MAÎTRE... Ne me prends pas pour esclave, Car j'ai en moi le goût de la liberté. Ne cherche pas à deviner mes secrets, Car j'ai en moi le goût du mystère. Ne me contrains pas aux caresses, Car j'ai en moi le goût de la pudeur. Ne m'humilie pas Car j'ai en moi le goût de la fierté. Ne m'abandonne pas, Car j'ai en moi le goût de la fidélité. Sache m'aimer et je saurai t'aimer Car j'ai en moi le goût de l'amitié... Charles Baudelaire, les Fleurs du Mal Le chat Dans ma cervelle se promène, Ainsi qu'en son appartement, Un beau chat, fort, doux et charmant. Quand il miaule, on l'entend à peine, Tant son timbre est tendre et discret; Mais que sa voix s'apaise ou gronde, Elle est toujours riche et profonde. C'est là son charme et son secret. Cette voix, qui perle et qui filtre, Dans mon fonds le plus ténébreux, Me remplit comme un vers nombreux Et me réjouit comme un philtre. Elle endort tous les cruels maux Et contient toutes les extases; Pour dire les plus longues phrases, Elle n'a pas besoin de mots. Non, il n'est pas d'archer qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde, Que ta voix, chat mystérieux, Chat séraphique, chat étrange, En qui tout es, comme un ange, Aussi subtil qu'harmonieux! - De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu'un soir J'en fus embaumé, pour l'avoir Caressée une fois, rien qu'une. C'est l'esprit familier du lieu; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire; Peut-être est-il fée, est-il dieu ? Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime Tirées comme un aimant, Se retournent docilement Et que je regarde en moi-même, Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal Ils sont tous trop beaux, je les adore moi |
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